Quel lien entre la digestion et le cycle menstruel ?

A priori, vous ne voyez peut être aucun lien entre votre digestion et votre cycle menstruel, mais en réalité ils sont intimement liés ! Laissez-moi vous expliquer…

En naturopathie, nous nous basons sur la notion de « terrain » c’est à dire l’état général du corps, son fonctionnement, ses éventuelles surcharges et carences, sa vitalité, pour évaluer la santé d’un individu. On viendra alors rééquilibrer ce terrain à la cause pour résoudre une problématique.

Je tenais à commencer par vous rappeler cette notion car elle permet d’appréhender l’interconnexion de nos organes et de nos systèmes entre eux, et donc de comprendre pourquoi nous allons aujourd’hui nous intéresser au système digestif pour comprendre le système hormonal et le cycle menstruel.

Ce plan physique est évidemment lié aux émotions, au mental, à l’énergie et plus largement aussi à l’environnement social, éco-planétaire et à la spiritualité.

Dans le cadre du cycle menstruel, donc de l’équilibre hormonal nécessaire pour composer un cycle harmonieux, le système digestif a deux rôles importants à jouer : celui de l’élimination des hormones qui ne sont plus usuelles, et celui de la gestion de l’inflammation, dirigée par le système immunitaire, pour nous défendre… parfois à tort !

L’élimination des déchets

Lorsque l’on s’alimente, et à condition évidemment que le système digestif et en particulier le microbiote fonctionnent de manière optimale, les nutriments de notre alimentation sont assimilés, puis transportés aux cellules. Les cellules produisent alors des déchets que la lymphe principalement va devoir acheminer vers les portes de sortie appelées émonctoires : le foie et les intestins avec les selles, la peau avec la transpiration et le sébum, les reins avec les urines, les poumons avec la respiration et les éventuelles glaires, ainsi que le vagin pour les femmes avec les règles.

Pour les hormones, c’est le foie et les intestins qui s’occupent de les éliminer, et la peau prend le relai s’ils ont du mal à réaliser leur mission, et ce à deux moments clefs du cycle menstruel :

  • Au moment de l’ovulation, le corps connaît un pic de LH et d’œstrogènes, puis ces hormones doivent diminuer et laisser place à la progestérone en 2nde partie de cycle.

  • Au moment des règles, lorsque la chute hormonale doit avoir lieu pou déclencher les règles s’il n’y a pas eu de fécondation.

C’est alors que le foie va dégrader les hormones en métabolites non actifs et les diriger grâce à la bile vers les intestins pour les éliminer avec les selles.

Ici plusieurs processus peuvent bloquer :

  • Un foie surchargé, notamment par une alimentation trop riche mais aussi à cause des pesticides et perturbateurs endocriniens qui viennent alourdir sa tâche.

  • Le manque de co-facteurs nécessaires à cette dégradation en métabolites.

  • Le manque de bile, lié en partie au manque de lipides dans l’alimentation, pour diriger ces métabolites vers les intestins, causant souvent de la constipation.

Ensuite, ces métabolites désactivés arrivent dans l’intestin pour être éliminés avec les selles, et là aussi plusieurs complications peuvent avoir lieu :

  • Si le microbiote intestinal n’est pas optimal, ces métabolites désactivés peuvent être réactivés et réintégrés dans le sang.

  • Idem si l’on souffre de constipation, ces métabolites vont avoir tendance à stagner et réintégrer le sang. Cela va donc représenter un excès d’hormones et encore plus de travail pour le foie qui va devoir recommencer.

Lorsque l’élimination des hormones via le système digestif ne se fait pas bien, on peut souffrir d’une hyper-imprégnation hormonale, souvent en faveur des oestrogènes, ce qui peut causer le panel peu réjouissant du syndrome pré-menstruel (migraines, ballonnements, irritabilité, etc) mais aussi des règles douloureuses, abondantes, et également des problématiques d’acné hormonale car lorsque le système digestif est en difficultés, il renvoie vers son bras droit, la peau, qui est un émonctoire secondaire.

Processus d’inflammation

L’intestin est une barrière de contrôle censée protéger notre organisme des intrus, sauf que notre alimentation, nos modes de vie modernes, notre stress, les pesticides et autres perturbateurs chimiques abîment ce microbiote et cette barrière intestinale, la rendant moins efficace, poreuse et obligeant l’immunité donc notre armée de défense intérieure à venir agir dans cette zone plus qu’il n’y faudrait.

Non seulement, cela nous prend beaucoup d’énergie (70% de l’énergie du corps est concentrée dans le processus de digestion) et nous fatigue, mais en plus cela décentre le système immunitaire de la lutte contre les microbes, virus et autres dysfonctionnements dans le corps.

Encore plus embêtant, pour se défendre, le système créé de l’inflammation, comme un feu de forêt qui tuerait tout sur son passage pour protéger le corps des intrus.

Sauf que cette inflammation, ce feu de forêt a aussi des effets secondaires, entre autres fatiguer là encore le corps, et créer des douleurs digestives, parfois gynécologiques, articulaires, et brouiller les messages entre les différents systèmes du corps.
C’est cette inflammation et donc le fonctionnement du système digestif et du système immunitaire qui sont en cause dans de nombreux troubles gynécologiques comme les règles douloureuses, l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, certains cas d’infertilité etc.

L’inflammation généralisée peut aussi avoir un impact sur les récepteurs hormonaux et empêcher que les hormones soient bien captées, perturbant ainsi l’équilibre hormonal.

Il y a aussi des facteurs favorisant l’inflammation comme le stress, la pollution, le fait de manquer d’alternance entre travail et repos, mais aussi des aliments inflammatoires comme le tabac, le café, le thé, l’alcool, le sucre, les farines blanches raffinées, les laitages.

Enfin, de nombreux organes cohabitent dans le petit bassin et la santé des uns peut se répercuter sur la santé des autres. Un souci de vessie type cystites à répétition, inflammation, ou des difficultés intestinales qui se répercutent dans le rectum, type constipation, colon irritable, peuvent aussi empêcher l'utérus et les ovaires de bien fonctionner.

Alors que faire ? voici mes petits conseils

  • Ajouter du végétal à vos assiettes : moitié de l’assiette en légumes, jus de légumes si vous le pouvez, poudre d’ortie dans les vinaigrettes ou sauces etc pour favoriser un bon transit.

  • Intégrer des aliments riches en mucillages comme les puddings de graines de chia, le psyllium, le jus d’aloé vera.
    Alléger le dîner, ou pratiquer de temps en temps une monodiète le soir.

  • Boire suffisamment : au moins 1,5L d’eau plate par jour.
    Ajouter des plantes favorisant la digestion : mauve, guimauve, romarin, citron, desmodium, pissenlit, etc.

  • Auto-massage du ventre + bouillotte pour détendre les viscères et relancer le péristaltisme intestinal.
    Mouvement quotidien pour favoriser la circulation des liquides du corps, et notamment des positions comme la vrille ou les genoux à la poitrine.
    Et diminuer le stress qui bloque le péristaltisme intestinal, nous en parlerons lors de la prochaine conférence.

Ce sujet vous parle et vous souhaitez en savoir plus ? N’hésitez pas à rejoindre mon programme en ligne Healthy Cycles, 3 mois en autonomie pour comprendre votre cycle menstruel et rééquilibrer vos hormones !

Marion Pezard